Lutecia 2

Vint le jour où il fut impossible d’ignorer Monomachine ; malgré l’obscurcissement du ciel et la levée des tempêtes, malgré le dérèglement civil d’un coup d’état et le boucan des chars sur la Grande Armée, il fut impossible d’ignorer la marche de l’automate aux mains de sang. Nous y sommes, nous y sommes, murmurèrent les hommes qui ne savaient pas de quoi ils parlaient. Quant aux femmes, plus savantes, ne parlaient pas ; elles reconnaissaient la figure de la destruction, une figure androïde par subterfuge, une expression maximaliste du dominant ; des mécaniques, des faisceaux, des liens mus par la puissance. Les enfants, eux, assistaient sans comprendre à la torsion du réel : Monomachine devint d’un coup le centre de monde. Malgré les nuages aux couleurs d’acier. Malgré les rafales inconnues capables de faire trembler les fenêtres. Malgré les claquements des culasses, des détonations, des coups de feu tirés aux cuisses rocheuses des boulevards. Monomachine devint le monde.

Auréolés de victoire ce matin, les phalangistes saluent la foule surprise, des véhicules blindés stoppent. Des hommes, des jeunes filles, tous en uniformes et pas plus âgés qui vingt ans, se dressent secs le visage baigné de l’admiration qu’accorde la victoire (on en vient à prendre le plafond d’orage comme un bon augure). Ceux restés en arrière reçoivent les rumeurs courant sur Monomachine et la façon dont il fit plier les octrois Sud, la […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.