Jaz 4

Jaz se laisse tomber lourdement dans le petit fauteuil de salon, face à Isobel concentrée :
—Tu lis quoi ?
—La bataille des Thermopyles, répond Isobel, en ajustant des lunettes qu’elle ne dédie qu’à cela. De Flaubert, justifie-t-elle encore, mais le nom ne parle pas du tout à Jaz. Sans le regarder, elle commente l’actualité : as-tu vu qu’ils nationalisaient la source ? Jaz souffle : plus rien ne l’étonne ; pourquoi pas, laisse-t-il entendre sans conviction. Tu es un mou, plaisante Isobel.
—T’es déjà toi-même beaucoup plus sage qu’avant.
—J’ai de la marge.
—Je suis constant, moi.
—C’est hyper important, Jaz, la source ; tu devrais t’en préoccuper plus que ça.
—C’est le boulot de la direction, je le leur laisse. Je suis dans le faire, poursuit-il, pas dans la tambouille stratégique.
C’est important, la politique, soupire-t-elle défaitiste. Tu vois, pique Jaz : jeune, tu ne m’aurais pas laissé gagner si vite. Laisse-moi lire, Jaz, répond-elle, je ne te parle plus.

Jaz fouille sa pile de revues techniques :
—Elles traitent toutes plus ou moins d’aspects particuliers de la Macroborea, du Pléroma ou du Topos ; comment bien couvrir une anomalie, comment mesurer les champs, comment compenser une distorsion de l’infosphère ou calculer des prévisions qui sont plus du ressort de Météorologie, d’autres exemples documentés d’exploits microélectroniques, et, enfin, de courts traités de vulgarisation scientifique prenant pour thème toute sorte de phénomène fondamental […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.