Alma 2

Les mines s’effondrent dans l’hémicycle, personne ne commente. Tous, la face interdite à gauche comme à droite, on se jauge du coin de l’œil car il y a forcément eu un groupe de traîtres mal alignés, une large complaisance, de la complicité, des intérêts convergents ou scélérats car, regardez donc, écoutez, le doute n’est plus permis à la lecture des votes :
—Comment ont-ils pu ainsi perdre le contrôle de la situation ?
—Ils doivent jubiler, au cabinet ministériel, murmure quelqu’un sans étiquette. Le beau bois craque avec l’incompréhension, on clôture la séance et nous pouvons les compter, ces quelques représentants de la cité balayés par cette prise à revers.

Invitée à éviter le palais Bourbon au-delà de la salle des Cinq Colonnes (Raisons républicaines, comprenez) Alma ne fréquente pas le monde parlementaire. Les retranscriptions lui parviennent avec régularité par radiogrammes dans un mélange de verbatims et de notes synthétiques. En face d’elle, au bureau élyséen, Amaury s’amuse du va et vient des jeunes diplômés en sciences politiques ; de beaux jeunes hommes et femmes afférés à jouer aux commis des postes. Alma s’acquitte de la pile des messages non-lus ; Amaury commente :
—Alors, satisfaite ?
—Tu sais y faire, concède Alma. Elle se masse les tempes ; il consolide sa position patriarcale dans le fauteuil ancien :
—C’est une bonne […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.