Jaz 3

Moins de deux mois suffisent à l’esprit créatif du Directeur Financier pour barrer les finances du Bureau (justement) loin des tumultes budgétaires — oh le bel homme planté en capitaine droit dans la tempête, le plafond des rameurs suants foulés de sa botte, la barre tenue ferme, le regard perçant l’horizon bouché, rien de moins, le navire tiré loin vers le doux littoral des recettes positives, tout juste un mois et demi, trente jours ouvrés, et ces histoires plus petites, taille anecdote bureau-à-bureau, se multiplient au point d’encombrer les bouches pour finir régurgitées presque fidèles au détour d’un couloir, dehors sur une pause clope ; une confidence un peu lax en fin de journée ou un aparté au self, le midi. Le mot circule : la pression sera bientôt insoutenable.

Du point de vue de Jaz, cela se réalise très concrètement par la suppression des commandes de matériel. Les rouleaux de câble conducteur ? Oubliés. Le renouvellement des sangles ? Pas nécessaire. Les tickets carburant ? On en discutera. Révision des cinquante milles ? Impensable. Véhicule neuf ? Encore pire, sûrement pas. Des stylos, alors ? Un par personne, par an. Au maximum, et c’est déjà pas mal.
—Ils ont le droit de faire ça, chez Mercatique ? C’est pas le boulot de la compta ?
—C’est pas celui du directeur financier, surtout ? Ça sent le passe-droit, entend-on, mais c’est enfoncer des portes […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.