Glenn se dit affamé, interpelle Sarah et teste la réciproque. Il est plus de deux heures. Glenn ajoute devoir faire le plein ; propose un arrêt dans la prochaine ville : une agglomération familière dit-il, une ville autrefois morte, presque morte, relancée par la reconstruction des arsenaux. Il fait remarque la somnolence des chantiers ces dernières années. De la mousse aux coques, des peintures écaillées, des oxydes aux mouillages.

Les premières gouttes retrouvent le sens de la gravitation, condensées et réparties sur le littoral. Glenn et Sarah ont entre-temps traversé le bras armoricain de biais. La mer n’était jamais loin, une rumeur. Jamais moins.

Glenn parle de quelques curiosités touristiques : un château avec pied sur une falaise depuis renversée, qui ne serait pas sans rappeler Fort la Latte. La pluie, maintenant, chante sur le toit de l’habitacle. Glenn se gare sur le parking d’un ancien centre commercial laissé en friche, cerné de planches et de permis de démolir. En bordure, deux adolescents rangent leurs affaires, se couvrent autant que possible, capuche ou sac, avant de filer dans la pénombre liquide, une rue transversale.

« Nous sommes à coté du port. Je t’emmène ?

 — Par ce temps ? T’as craqué ?

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !