Ce paysage, par exemple, n’a jamais existé.

L’étendue avance sur la mer bien au-delà des limites cartographiées ; le large est remplacé par de nouveaux polders, une terre grise et salée, friable sous les doigts, à peine humide et dépourvue de sens. L’eau suinte pourtant, le terrain est malléable. Les rivières se meurent dans les estuaires absents. L’herbe, haute, dense, à hauteur d’homme et parfaitement égale, retranscrit avec précision les derniers reliefs : les creux, les bosses.

Ce paysage n’existe pas. Pas ici.

Sarah n’est pas venue seule. Trop jeune pour prendre le volant, trop adolescente pour venir y rencontrer la solitude : sa mère l’accompagne, un peu en retrait. Sarah presse dans sa paume et la lumière lâche, contre sa cuisse, un vieil appareil argentique. Elle le tient comme les acteurs de film noir tiennent leur arme, avec quelque chose comme de la virilité, une fausse nonchalance ; une imitation de négligence mais l’œil alerte.

Dans son souvenir, Sarah et sa mère sortent profiter des premières véritables chaleurs, mai ou juin ; croiser des touristes en avance sur la saison.

Dans son dos, l’odeur caractéristique d’une bastos que l’on allume, lourde et pourtant suave par sa familiarité. Sarah se retourne : sa mère est glorifiée sous la pression solaire de […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !