La pluie ponce les tôles par rafales lorsque Sarah sort du marché. Hémorragie claire depuis les bords ondulés, cela fait un bon moment, le métal pisse le mois d’avril de ses bords abrasifs sur le sol ; bordures de granit brillantes et bitume vernis par l’eau. Les caniveaux essaient de boire sans parvenir à endiguer les flots gris. La lumière a diminué. C’est une éclipse totale sous les vaisseaux d’orage, des bombardiers ; Dresde au-dessus de Sarah : l’eau tambourine sur les toits à s’en abrutir. L’eau éclabousse.

Sarah patiente, à vrai dire il faudra bien que cela cesse, ce sont des averses pas plus longues qu’un cauchemar, une brève vision d’apocalypse. Elle se sent un peu bête ainsi, les sacs pèsent sur ses bras. Autour, les vitrines éclairées lui rappellent les soirées d’hiver, des foyers mais nulle trace humaine. L’air est un mix déstabilisant de douceur et de gifles frigorifiantes aux caprices du vent. Les halles se consolent peu de ces allées désertes, y compris pour les rares personnes qui, comme Sarah, cherchent à braver les augures. Des galeries froides. Les étals à moitié fournis répondent aux boutiques mal achalandées.

Justement, Sarah, piégée par l’averse, aperçoit la percée des phares puis le gabarit monstrueux d’un camion venu de Rennes ou Saint-Brieuc. Il descend le bourg, défait l’eau en grandes gerbes, ralentit vers le marché et l’espace dédié aux livraisons. Alarme de recul. L’eau […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !