Printemps

Au matin de la première semaine d’avril, des bataillons de glace dardent sur la commune ; giboulées en assaut, éclaircies traîtres. Les températures prétendent l’après-midi s’adoucir puis mentent au soir. Le ciel témoigne du teint endeuillé des toits. L’heure de frénésie dans le village : les travailleurs bravent le climat impossible, sauts de puces, des commerces aux services publiques. La grêle mène une stratégie brutale, tout en charges brèves, puissantes. Le soleil de biais consume ses ressources aux surfaces humides, des effets de lentille. À distance respectable, vers la côte, un arc-en-ciel estompé au point de paraître inutile.

Sur la place de la mairie, encapuchonnés sous leurs cirés marins, une dizaine d’hommes mettent au défi la commune et le temps de les arrêter : les pêcheurs viennent de mettre à terre les drapeaux et piochent dans leurs palettes de plastique coloré de larges tentures bricolées qu’ils dressent ensuite, leurs slogans peints de capitales ; le tissu / est-ce un tissu ? Ils révèlent les messages à mesure que les mains étendent les banderoles.

Sarah observe la scène.

Elle ne parvient pas à identifier un seul des militants : les capuches tombent sur les yeux et ombrent les joues creuses, […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !