D’Érébus, Sarah garde tant de souvenirs, des choses précieuses vécues uniquement pendant sa jeunesse. Jamais adulte. Ce détail a son importance. Dans la mémoire de Sarah, Érébus est une figure humaine qui commence à peine à porter sur ses épaules la gloire, où les légendes s’invitent peu à peu ; modestes, ces légendes, mais des légendes tout de même. Ce statut, elle sait ne pas le partager avec son frère, l’autre qu’elle n’a jamais connu mais pourtant bien vivant, lui. Un frère qui habite tout près d’ici et occupe la maison familiale depuis maintenant des années. Sarah n’est jamais revenue. Elle ignore s’il acceptera de la voir, elle en doute. Sarah dans le rôle de la fille illégitime.

Étrangère, elle l’est aussi, bien qu’à des niveaux plus vulgaires. Sarah ne possède ni les manières, ignore toute rusticité, la ville se dissimule dans ses gestes, la ville parasite sa diction, ses réactions, Sarah. Sa pâleur n’est pas non plus naturelle, pas plus que sa silhouette de modèle.

Déjà, le sang d’Érébus n’a traversé les murailles du nationalisme que par la notoriété, son talent pour lame incandescente. De justesse. De cette chance, Sarah ne profite que de sa version maigre et abrasée. Par sa filiation, par sa […]

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