Phineas Gage ne dévoile rien de ses avancées, y préférant la discrétion des documents sensibles dont on ne parle que par complexes allusions. Un employé de maison passe régulièrement retirer les pièces à conviction des mains du maître.

Sarah doit se contenter de deviner, d’entr’apercevoir des choses hors-champ, fragmentaires ou vues de coté.

Il n’en réclame pas moins à Sarah de s’ouvrir toute entière à lui. Il échange pour cela des anecdotes, quelques bribes peu connues du passé d’Érébus, d’autres récits de voyages. Les réflexions du mécène sont escamotées par d’autres questions. À Sarah, sa condition d’escorte n’est pour le moment plus mise sur le tapis. Les souvenirs invoqués dans les discussions sont périphériques.

Ils débattent du temps et du monde, des choses qui se passent ou se disent, à Paris dit-on, des associations ; des vandalismes à l’est sur les routes de Berlin par des groupes anarchistes ; le souvenir de guerres récentes aux braises encore tièdes et ce vent qui parfois se lève.

Tout ce que Gage demande à Sarah, c’est de poser ; tenir l’élégance ferme pendant des heures.

L’accumulation des supports dessine la vision d’ailes stylisées et art-déco. Une semaine passe, linéaire, du lever au couchant. Ces ailes, Sarah les retrouve tissées dans la convection gazeuse achevant le travail de rivière sur la peau des cirrus, ceux glissant sur le ventre rond des masses froides. Sarah retrouve les ailes déployées devant la propriété de Gage, passé le portail et […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !