De l’empire des hommes, Sarah a cherché une forme d’exil, loin sur les bords de l’Europe concassée par la mer. La côte s’approprie les teintes que l’on accorde habituellement aux limbes. L’eau, grise, bue par une plage mimétique, l’écume pâle. Très peu de promeneurs ce dimanche. Sarah longe seule la frontière souple. L’atmosphère semble réduite, semi-transparente, un peu malade. La nature se reconstruit en silence. Un moment, Sarah évite de regarder les terres ; le temps de dépasser une crique, les pointes des toits rabattus par l’abandon, les reliques du village fantôme. Elle dépasse les ruines en quittant quelques minutes la plage par un chemin sablonneux, une trajectoire parabolique qui lui fait bientôt retrouver les courbes algueuses du rivage. Sarah laisse derrière elle un bloc d’enfance usé. La mer se réserve l’usage d’une digestion lente. Un moment, Sarah croit apercevoir une fillette, droite sur une crête en marge, bras le long du corps et cheveux sans ordre, détachés. Sarah pense la reconnaître, la fillette demeure résidente de la vision périphérique / s’évanouit quand Sarah se tourne.

Nous sommes en mars. La mer ne semble pas disposée à la clémence.

Sarah marche encore quelques temps, perd ses pensées à force de déambulations linéaires. Les pensées ne restent pas, remontent la plage en sens contraire et peuplent la côte. Sarah avance sur le nord, […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !