Six heures du matin, aube tiède. Sarah n’a pas fermé l’œil, cliché, déjà prête lorsqu’un inconnu l’appelle. Une minute plus tard, elle est en bas, une sorte de caban en armure et le col remonté, le chemisier austère. Derrière elle : porte close et rideaux tirés, affaires triées à la hâte. Elle reviendra, se dit-elle. Avec un peu de chance.

Pour le moment, un seul sac, un maigre ensemble, à peine plus que le minimum. Elle avisera sur place.

Le véhicule navigue en première sur l’asphalte de la résidence ; balaie en silence la chaussée de ses feux clairs. L’habitacle y flotte, passe et s’immobilise bientôt, le spéculaire métallique de la carrosserie comme humide d’embruns qui n’existent pas, une vitre que l’on baisse :

« Mademoiselle Érébus ? Sarah Easton Érébus ? »

Rhétorique dans un village perdu qui reculerait plus loin encore si la mer ne refusait de l’accueillir. Une portière se déverrouille, Sarah s’engouffre à l’intérieur. Le chauffeur :

« Paris, mademoiselle ?

 — Allons-y. Ne trainons pas. »

Voici un voyage nauséeux, perturbé des fictions construites à la volée, la migraine. Sarah voit dans les paysages et les routes la permanence de Gage. Le borgne hante les routes et les checkpoints ; les villages traversés et le bord des routes. Le soleil se lève, l’atmosphère flirte avec l’incandescence. Le fantôme est partout, silhouette étirée vers l’est ; sa volonté est sur elle et semble […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !