Le soir venu, Sarah s’enferme dans la douche et paie l’amnésie par une eau brûlante, se noie debout jusqu’à l’assèchement du ballon d’eau chaude. Tout ce qui sera dit après la vision du tableau sera tu ; oublié. Seulement des bribes, des détails ; sa qualité de production inachevée.

À Gage, Sarah se souvient lui avoir parlé de Paris, de ses bâtiments et de ses migrations, de la désertion humaine et du concert. Elle ne parle pas d’Hygin, nous le savons.

Sarah tente de diluer le trouble dans les nouvelles du monde, forcément anxiogènes, la météo annoncée magnifique malgré les crues récentes, la facture d’une planète déréglée. Sarah parle un long moment avec Leticia. Elle la remercie pour son aide, conte plus en détails son entretien, elle conjecture mais élude inexplicablement l’œuvre de Phineas Gage avant de s’y heurter enfin, au bout d’une heure, peut-être plus :

« Et tu bosses de nouveau avec lui ? Sérieusement ?

 — Je ne sais plus quoi penser.

 — So do I.

 — Je me sens sale.

 — Je peux comprendre.

 — Il m’a… Comme dupliquée… Non. Enfin. Si.

C’est très étrange.

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !