Courageuse, Sarah décide d’effectuer le trajet retour par la rase campagne, ne saurait se prononcer pour l’instant sur un éventuel détour par le bord de mer. Elle passe des champs en pleine reconquête par les forces paysannes en petites unités, seules ou en binômes, entourées de machines savantes. Un rural s’arrête au bord du champ, la fixe du talus en surplomb : droit, appuyé sur le manche d’une fourche comme béquille, moins branlant que les piquets larges d’une cuisse et fendus. Un paysan en prisonnier fier de son sort derrière les barbelés. Il étire une peau séchée, plutôt lunaire, le visage. Son bleu de travail n’a de bleu que le nom ; usé mais unique, le vêtement précis dans son histoire, la biographie de son porteur. Les éons n’éprouvent aucune pitié pour le corps. L’agricole conserve une stature droite quoiqu’un peu courbe.

Le chemin opère quant à lui une danse complexe autour des formations de terre. Sarah longe un champ tout en pente, une berne irrégulière : bancs de fleurs sauvages pour dernier rempart devant le tallus ; des herbes folles détrempées.

Le paysan se redresse un peu, son dos le fait visiblement souffrir, il se courbe. Il soulève sa fourche et la plante brutalement dans la terre. […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !