T.3

Appel du Sub sur le chemin du retour, moins d’une heure après, car les malheurs apprécient leur propre compagnie. Le dataïste, avec lequel il n’est prévu aucune incursion dans les marais compte tenu des pénibles restrictions de voyage. Borvo stoppe, s’appuie sur une jambe moins douloureuse et décide de prendre l’appel :

La voix, le visage, les signes disputent aux morts le gris cireux des nécroses naissantes, l’emploi du Sub n’arrange rien, c’est effacé et distant : aide-moi Borvo, supplie le dataïste.
Ma main.

J’ai chopé la foudre.

Je vais crever, entendons-nous.

Borvo dépose son matériel abîmé à même le gravier de calcaire, noue les sangles ensemble et cale l’équipement instable contre sa jambe.

Et ton système immunitaire, questionne Borvo ? — Je n’ai pas une couverture complète (la voix tremble suspendue entre la peur et le reproche haineux), je suis pas censé batifoler loin des villes, j’ai cru que ça se remettrait, putain, c’était juste un peu rouge. Aide-moi, hésite-t-elle encore (une supplique, un ordre).
Borvo relâche son exaspération au beau milieu des voies vertes dont ils partagent les azotes pâles, ce bout géographique dont le Soleil fuit le zénith. C’est une ancienne voie de chemin de fer, lui avait autrefois expliqué Gasoil (qui possédait alors un chien plus classique) en embrassant de ses maigres bras l’espace négatif occupant la tranchée. On peut noter le bord des châtaigneraies roussir, l’été se délite. Les enfants jouaient souvent ici, Borvo conserve des films mentaux de quelques microsecondes, l’amorce d’une course, l’esquisse d’un jour ou le rappel inquiet d’un parent : puis il y eu les camps, les nouvelles pogroms, les […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !