T.2

Je vais pas pouvoir faire grand chose, annonce Javel. Les cuves sont déformées, certains flexibles arrachés dans la lutte — Tu vas devoir foutre en l’air cette culture — Je peux pas me le permettre, geint Borvo — Ce n’était pas une question.

Sur les six cardiotanks, deux ne répondent déjà plus, du sang a coulé abondamment le long des cylindres (débarrasse-toi tout de suite de ceux-là, conseille Javel). Sur les survivants, un sonne déjà l’asystolie, trois ont automatiquement déclenché leur alarme silencieuse (ce n’est pas bon signe). Des diodes clignotent orange, clignotent rouge. L’enfant de Borvo, le prototype d’enfant, l’extrait d’enfant, le cœur, baigne dans l’un des derniers cardiotanks. En temps normal, le braconnier se serait contenté de déclarer, certainement d’une voix blanche, qu’il serait foutu six mois au chômage. Dans le cas présent, il pivote les trois derniers cardiotanks dressés en position verticale, contemple la marque des coups, l’impact des pierres. Le radiateur profite de notre regard pour lâcher le cœur d’un client, une autre alarme se manifeste. L’éclairage oblique du laboratoire aggrave le relief des déformations.

Je veux bien recycler les deux premiers, mais faut que tu remportes les autres, constate Javel, je peux pas garder ça ici. Il demande : tu en as d’autres ? — Des cardio ? Non, les anciens modèles, je les ai déjà dépiautés, je laisse des pièces détachées chez mon vieux — Si tu veux sauver cette culture, il faut que tu les implantes d’ici deux-trois jours max. Borvo se gratte l’épaisseur grise de sa barbe dans […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !