Monomachine 12

La tempête enfle de plus belle à mesure que les minutes s’écoulent dans cette grande cavité que nous nommions le ciel : si nous l’avions oublié (vraiment, que le temps d’un souffle ou d’un regard de côté, pas plus qu’un bref décrochage), elle se rappelle à nous en écrasant la ville sous son poids, douchant son contenu à l’oblique, arrachant les collecteurs d’eau de leurs amarres avant de les crasher au poitrail des résidences. À cette heure, toute personne encore dehors peut être considérée perdue, les phalangistes dispersés — C’est du moins ce que se convainc Isobel à ce moment précis, pas du tout là où nous la penserions (nous y reviendrons), au moment même où se font face nos antagonistes Jaz et Monomachine sur la place devant le siège du Bureau : vous l’entendez, n’est-ce pas, demande l’automate en se référant au monstre antédiluvien Ouroboros — Cosmique retenu à quelques barreaux de la conscience et dont le corps reptilien trahi la proximité par contractions réflexes ; secoué avec suffisamment de violence pour perturber le Topos, pour irradier. C’est un battement de cœur, commente Monomachine qui, du menton, désigne Jaz-astronaute — Technologie Sapiens, qualifie toujours l’automate, je vous ai déjà croisé, vous êtes d’ici (il montre l’immeuble cette fois). Faisant face à l’astronaute, Monomachine casse aussitôt ce cadre western septentrional en marchant […]