Isobel 14

Lutecia ne cède pas complètement à la désertion : ici, des attroupements coagulent sur une place, révélés malgré la pluie par le sang des gyrophares. Ça gesticule sous la tempête, ça interpelle malgré le vacarme ; les combats ont cessé sous le poids de l’averse. Comme témoignage du putsch, de courtes flammes lèchent le contour d’un cratère d’obus noyé — Là, un véhicule a été fendu en deux par un projectile n’ayant pas explosé à l’impact, y préférant certainement le repos au pli du moteur plutôt que la guerre minuscule.

Isobel traverse la place douchée de ténèbres, un pompier l’arrête, remue des bras, crie quelque chose d’inaudible sous la tempête (il ne faut pas rester ici), articule vainement en montrant la rue derrière elle, son point d’origine (retournez là-bas), l’eau crépite presque douloureuse (il y a un abri là-bas), un petit groupe de quatre-cinq personnes la dépasse en courant et la bouche ouverte et les yeux paniqués. Isobel les dévisage, elle ne reconnaît plus les lieux ou les attitudes ; le pompier essaie de la tourner de force, lui montrer le groupe en exemple (suivez-les), Isobel préfère regarder le noir du ciel où les éclairs gagnent en nuances, elle le jurerait — en tons : des bleus, de l’orange (mettez-vous à l’abri), la foudre traverse maintenant en ligne droite le plan atmosphérique, ça dessine des polygones, le pompier abandonne Isobel aux phénomènes, aux camions et leurs gyrophares — Isobel serre, serre, serre l’amorce confiée par l’astronaute au visage de guerre / le Bureau […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.