Isobel 8

À force d’y ramener des dossiers (état des comptes, raisons sociale des acheteurs, échanges de courriers électroniques), le domicile se transmute en une sorte de second bureau, une annexe dégradant les qualités anciennes du foyer en espace utilitaire, un peu plus gris, moins d’ombres, une sensation glacée qu’Isobel ne peut décemment fuir — Où aller, demande-t-elle au téléphone à sa mère ? Tu ne devrais pas te laisser bouffer par ton travail, suggère la raison entre deux crachotement de l’infosphère — Le signal n’est vraiment pas très bon, en ce moment, distraie encore la mère d’Isobel, tu devrais plutôt venir nous voir, passer un peu de temps à la maison — Je ne sais pas, répond Isobel debout, dos aux marais des documents, visage collé contre la vitre — J’aime toujours autant cette fabulation — Quoi ? — J’aime toujours la peinture, là, au-dehors. Isobel triture le combiné d’une main, l’étrange artefact récupéré au hasard, l’autre jour, de l’autre (une amorce, vraiment ?). Isobel se détourne du balcon et inspecte les subtils détails de l’amorce : du bel ouvrage — Mais de quoi parles-tu ? — J’ai reçu un cadeau, maman, une sorte de cadeau — Un admirateur secret ? — Quelqu’un qui savait où je bossais — Toute votre résidence travaille au Bureau, Isobel — C’est […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.