Jaz 13

Les semaines qui suivent ? Difficile de s’y faire pour M&O, contraint à un double commute selon les nécessités, du siège à la Défense, de chez eux aux bureaux. On recense moins de sortie — Ça, ce sont les quotas : on laisse tout passer depuis les nouvelles directives. Certains, sans attendre le moindre accord de la direction, ont commencé à faire repeindre les véhicules pour enlever les mentions du Bureau.

Le choix de l’ouest lutécien pour parquer la flotte n’étonne personne. La Défense est un lieu sans nature, de dalles surplombant les gares routières, elles-mêmes prises dans le millefeuille des passerelles, toujours du béton, de places sans identité ni lumière, incapables de s’épanouir autrement que dans de l’horizontalité souterraine. La grappe de tours forme au mieux un mensonge, au pire le donjon d’une forteresse sise aux portes du désert.

Un autre jour, miniature de leur couple, Jaz poursuit une série sans ordre d’ouverture-clôture de placards : range, ressort, déplace, étudie la vaisselle, verres, assiettes, parfois les couverts /
—Jaz.
Isobel pose ses mains à plat sur ses documents, stylo levé, coincé entre l’index et le majeur droits, elle souffle :
—Que se passe-t-il ?
Jaz place son regard en côté, pas vraiment sur elle, non, au-dessus de son épaule et derrière elle, sur le salon. Il répond que non, rien, rien de spécial, il voulait juste savoir ce qu’elle faisait :
—Rien de très intéressant ; toujours sur les comptes du service. On revend vos babioles […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.