Dix heures du soir, à l’extrême sud des terres offshores indiennes, sous la fraîcheur simulée des dômes portuaires : Aliénor et le diplomate filent vers l’embarquement, libres (eux), les bagages au-devant sur le dos des machines, aussi libres que possible dans le mille-feuilles de la sécurité : contrôles territoriaux, contrôles de couverture politique, contrôles des micro-nations, contrôles aux portes, vérification des mandats, fouille au corps, photogrammétrie pour la postérité, formulaires déclaratifs, portiques. On les peigne de toute trace de menace ou simplement d’étrangeté, on inspecte jusqu’au contenu de leur cerveau chaque fois que leurs corps franchissent les portiques.
Ce sont des routines, élude Aliénor qui traîne son compagnon au point de nous faire croire qu’il s’agit de son voyage à elle et non le mouvement de balancier diplomatique des experts, le battement de cœur des chairs ténues de la nation.
Ils passent ensemble les derniers portiques, le seuil des zones internationales sous tutelle d’une superpuissance, ils se tiennent la main, Aliénor s’excuse une seconde — alors qu’ils attendent l’embarquement — et ne reviendra jamais.

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !