“Ça te dirait qu’on se teigne les cheveux ?” Les longs doigts de Nicétas démêlèrent un instant les cheveux châtains de son amante, avant de slalomer le long de sa colonne vertébrale pour se poser sur la courbure de sa fesse gauche. “Pour quoi faire ?” // “Pour les faire chier, cracha la rebelle. Teins-toi en noir ; vire-moi ce blond doré de bourgeois — tu veux continuer de passer pour le petit frère de Pallas ou de Zacharie ? Tu sais que leurs ancêtres ont fait des manipulations génétiques pour que tous leurs descendants affichent ce même blond vaniteux ?” Nicétas lui pinça la peau : “Arrête d’écouter Rhadamanthe…” // “Il ne dit pas que…” // “Il dit que nous sommes tous morts et que l’académie est l’enfer.” // “[Pause] Ce n’est pas si faux. Réfléchis. La dictature militaire de l’empire est au moins aussi corrompue que la dictature bourgeoise qui a conduit à la guerre. Nous obéissons à des satans, comme de bons petits diables qu’ils envoient allumer des feux en forêt pour effrayer les voisins dont on veut récupérer la parcelle.” // “La patience, Alexia. Apprends la patience.” // “Tu fais chier.” // “L’empire n’a qu’un temps. Celui de la reconstruction viendra.” // “Foutaises.” Alexia s’éloigna, roula sur le matelas, offrant la vue de ses seins ronds et de son ventre plat (une croix nimbée en piercing au nombril). Elle effleura ses poils pubiens : “Je me teindrai en rouge… La couleur du diable.” // “Où ? Là ?” Elle éclata d’un rire enfantin, un rire plus clair que les amalgames politiques qu’elle proférait. “Partout ! Je teindrai mes cheveux, mes sourcils, mon foufouillon et même les poils sous mes aisselles !” Il rit à son tour — mieux valait — puis il se pencha pour poser ses lèvres sur les seins de la rebelle ; il les embrassa longuement avant de descendre. “Tu devrais parler à Symeon.” // “[Relevant la tête] Pour ?” //” C’est un gothique.” // “Et ?” // “C’est… plutôt pas mal. Leur façon de voir les choses… de patienter. Ça devrait t’intéresser.” // “Pas toi ? “ // “Non… Je… Je n’ai pas envie de faire partie d’un mouvement. J’ai besoin de rester libre.” Nicétas soupira avec un sourire et se remit au travail — soit, Symeon, pourquoi pas, le type était plutôt intelligent, il irait lui parler. Trois ans plus tard, Nicétas et Alexia avançaient chacun de leur côté dans des forêts inconnues sans espoir de se croiser ; leurs chemins avaient définitivement bifurqués — étrange que ce soit elle qui ait fui alors que l’envie de désertion n’avait cessé de le tarauder depuis plusieurs semaines. Dire que c’était grâce à la rebelle qu’il avait rejoint le rang des gothiques, qu’il y avait trouvé une motivation pour progresser à l’académie, qu’il y avait entr’aperçu un avenir pour le […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !