Ordre et désordre

Une aube blanche ruissela sur la façade décrépie du manoir. La baie de l’observatoire, l’unique surface vitrée, s’embrasa. Des bruissements s’éveillèrent dans la forêt, la faune de la péninsule accueillant un solstice autant désiré que redouté. La statue du lac sembla s’éveiller elle aussi, saluant les ombres nocturnes qui retournaient en terre. Puis, le blanc bascula, des fissures réapparurent, des nuées grises s’envolèrent des toitures, les bâtiments tournèrent leurs yeux aveugles vers le ciel ; le manoir sembla flotter à la surface du monde, prêt à s’effondrer sous les premières chaleurs. Taches jumelles sur le terrain arasé au nord d’un jardin qui n’en était plus un, deux créatures métalliques dormaient, sans espoir de réveil, contaminées par les ruines qui les retenaient prisonnières. Écho se réveilla — fatiguée, raide et déjà en sueur. À contre-courant de la chaleur imprégnant les lieux, une brise fraîche traversa le salon qui, sans les ombres du crépuscule pour l’habiller, n’était qu’un squat délabré et sordide comme on trouve des milliers dans les banlieues de la nouvelle Ève. S’arc-boutant contre le canapé renversé, la muse s’éveillait lentement, difficilement, regardant sans les voir les corps endormis de ses camarades : Kyra, Thècle, Nicétas, Zoé, Callisto et Cassien. Hateya était la seule à être déjà réveillée, bien qu’encore allongée sur le dos, fixant les cratères du plafond. Quelle heure était-il ? Cinq heures ? Six heures ? Où étaient les autres ? Saturne devait sans doute être occupé à faire le tour du propriétaire. Orion et Athanase devaient prendre à cœur leur tâche de surveiller Alexia comme une vulgaire criminelle ; Pallas et Roxane devaient probablement s’envoyer en l’air pendant que le monde s’écroulait autour d’eux (Écho avait eu le loisir de les côtoyer à l’époque où elle fréquentait Hæmon : Pallas vivait dans le passé et Roxane dans son reflet sur une glace — quel couple désuet). Elle reporta son attention sur […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !