La peur ruisselait sur les murs — sur des pans de papier décollé, sur des portraits de familles décomposées, sur les lambeaux de meubles en charpie. Hateya connaissait cette peur, tout son peuple en avait été le témoin muet : c’était la peur de l’homme blanc devant la ruine de ses possessions matérielles, devant la temporalité de son existence, devant la supériorité d’un monde qu’il croyait dominer. Son peuple avait regardé la guerre ravager le vieux continent, des millions d’hommes blancs s’entre-dévorant jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien — un empire et une république se disputant des couvertures miteuses. La peur avait alimenté le conflit : à une époque où on adoptait des indiens comme on domestiquait des loups, les hommes blancs n’avaient plus peur que d’eux-mêmes — frapper avant d’être frappé. Les indiens adoptés avaient […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !