Séléné leva le pouce, l’index et enfin la majeur ; trois secousses ébranlèrent les fondations du manoir, réveillèrent ses fantômes. Puis, elle traça autant de lignes cendreuses sur le tapis élimé du billard, traînées de sang séché. Thècle ne s’était pas endormie ; pour autant le monde n’avait cessé de couler autour d’elle, des ombres entrant et sortant de la pièce sans qu’elle ne les remarque ; Thècle, pour quelques heures, n’existait que dans le monde de sa seule amie — un monde sans soleil, sans chronologie, sans narration. La sainte n’avait aucun contrôle sur les allées et venues de Séléné, qui en retour ne semblait rien attendre d’elle — se jouait-elle de leur amitié, voulait-elle la prendre à témoin de l’effondrement du temps, ou l’avertir, la protéger, l’emmener par-delà les frontières matérielles ? Elle n’en avait pas la moindre idée ; elle devinait cependant que sa présence récurrente signifiait pour elles deux la fin d’une époque ; elle imaginait aussi que l’état de dévastation et de désolation du manoir, du domaine et de la péninsule étaient plus propices à attirer Séléné que la géométrie abrupte de l’académie, où elle ne s’était jamais montrée, comme si elle craignait […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !