Les bersekers les encerclaient — les chiens fous de la république. Saturne, Océanos et Hécate étaient les derniers ; tous les autres étaient morts dans l’explosion. Les bersekers avaient sacrifié l’un des leurs pour les attirer dans le bayou — à valeur égale de combattants le sacrifice devenait la meilleure arme. En posant son premier pied sur cette terre boueuse, des relents de cendres, de cadavres, de cauchemars lui étaient remontés, fantômes gazeux d’une nécropole guerrière ; Saturne, mal à l’aise, le jeunot du groupe, avait pris l’arrière-garde avec Hécate, envers laquelle il nourrissait déjà des sentiments contradictoires. Les lieux ne lui plaisaient pas, trop de gens étaient déjà morts ici ; la conviction qui l’avait conduit à s’engager dans les troupes d’élite s’était effritée, sa propre vanité commençait à le dégoûter. Leur techno avait localisé le loup solitaire des bersekers dans un dispensaire ; ils devaient frapper avant que les renforts arrivent, le tuer sans interrogatoire, récupérer des documents secrets et se volatiliser dans la nuit. En lieu et place, la nuit se souleva de terre et des vagues de pierres cassées, de boues cendreuses et d’os brisés les engloutirent. Saturne n’avait rien vu venir, n’avait rien compris quand Océanos avait plongé vers Hécate et lui pour les pousser en arrière, les sauvant d’une mort certaine. Quand le nuage noir était retombé, il ne restait plus rien du loup solitaire, du dispensaire et de leurs coéquipiers. Sur le moment, il crut qu’ils étaient tombé dans un piège miné, il n’appris la vérité que plus tard. En attendant, ils trouvèrent refuge dans un abri de fortune, sous la menace des bersekers qui venaient de débarquer, comme si l’explosion les avait tirés d’un long sommeil. Ils échangèrent des rafales de mitraillette, grossièrement, plus pour se titiller que pour tuer ; les bersekers savaient que leurs proies n’avaient aucune chance de s’en sortir ; ils jouissaient à petits feux de la situation. Océanos, ce grand type peu loquace qui avait toujours un peu effrayé Saturne, ne lui laissa pas le choix du plan : retourner le sacrifice contre leurs ennemis. […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !