Si Guanyin lui donnait sa compassion, c’était Tengri qui donnait au métis sa force, comme à sa mère avant lui, elle-même une métisse dont les ancêtres étaient venus du nord — longue malédiction familiale de colonisation et d’ostracisme (le vieux continent n’avait rien inventé). Sa mère lui disait que Tengri était à la fois le dieu du ciel et le dieu à l’intérieur des hommes. C’était Tengri qui décidait des guerres, des alliances et des trahisons ; c’était Tengri qui provoquait les orages, les crues et les raz-de-marée ; c’était encore Tengri qui, du haut de sa demeure céleste, régnait sur un empire d’humains. Mais c’était aussi Tengri qui insufflait aux hommes l’énergie de se battre, le courage de braver les éléments et la volonté de retenir le bras armé quand il s’agissait d’achever un ennemi à terre. Tengri était aux hommes ce que l’empire était à ses sujets ; il commandait, organisait, décidait, inspirait. “Alors pourquoi, maman, Tengri m’a-t-il donné cette maladie ?” Cette question n’avait jamais trouvé de réponse satisfaisante. Ce n’était pas une maladie, mais une particularité physique — banale en temps de paix, exclusive en temps de guerre. Ce n’était pas un don de Tengri, mais une épreuve dont il fallait se montrer digne — une épreuve qui le laissait à quatre pattes, ahanant et sifflant comme une bouilloire asthmatique. Ces nuances avaient disparu avec la mort de sa mère et le rejet de son père, un officier sévère qui ne voulait pas s’embarrasser […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !