Hermione avait mal et elle saignait, serrant dans son poing le talisman, l’unique souvenir qui soit revenu du continent noir qui avait englouti son père, à une époque révolue où l’empire avait jugé stratégique d’y étendre le champ de batailles, avant de se faire rappeler à l’ordre par les nouvelles puissances mondiales — une note manuscrite accompagnait le fétiche, qu’elle aimait croire de la main de son père, une formule magique résumant son pouvoir : “Il te protégera des fantômes.” Comme à chaque fois, les mêmes questions la hantaient : Pourquoi acceptes-tu cela ? Pourquoi te laisses-tu dominer par lui ? Pourquoi te soumets-tu à cette violence ? Les premières fois, elle avait agi par dépit : elle se trouvait laide, et davantage quand elle remarquait les regards concupiscents des mâles vers les rondeurs de Valentine, d’Écho ou d’Alexia — certaines nuits, elle rêvait de plonger ses ongles dans les yeux insolents de Zacharie, Athanase, Hæmon, de tous ceux qui cataloguaient leurs semblables suivant des critères puérils et arriérés ; d’autres nuits, elle rêvait de dépecer ces poupées de chair en étalant à même le sol leurs organes putrides où ne résidait aucune beauté, mais uniquement de la prétention, de l’égocentrisme et du néant, elle rêvait de sang rouge maculant leurs minois hautains. Pourtant, petite, elle n’était pas violente, haineuse, jalouse ; encore aujourd’hui elle considérait ses sentiments comme étrangers, externes : c’était eux tous qui avait mis la jalousie, la haine et la violence en elle ; elle n’avait fait qu’apprendre à coexister avec ces pulsions nouvelles. Quand son amant la pilonnait, s’acharnait sur elle, oui elle souffrait, mais elle ressentait chaque impact, chaque morsure, chaque déchirement comme un coup sanglant qu’elle portait aux autres femmes. Le sang ne coulait pas sur son corps ; il coulait le long des leurs. “T’as mis le temps, t’étais où ?” Les rémanences de l’accouplement refluèrent, Hermione referma la porte sans un bruit. À l’intérieur de la chambre : une armoire miteuse, deux commodes noyées sous des amoncellements de papiers jaunis dégoulinant sur le plancher, des portraits de nobles défunts accrochés de travers ou posés sur le […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !