Ils s’étaient encore disputés. Cela n’arrêtait pas ces derniers temps — comme si la fin des classes signifiait aussi la fin de leur romance. Soit le ton montait autour d’une poussée de jalousie (Zacharie passait trop de temps avec Callisto, cette “suiveuse sans caractère et sans piment” ; Alexia passait trop de temps avec Nicétas, ce “gothique à la manque”) ; soit la politique traçait une frontière infranchissable entre eux. Zacharie s’était démarqué du milieu bourgeois l’ayant mis au monde, admettant que la guerre et le chaos étaient de la responsabilité des hautes classes, avides de pouvoir et de suprématie ; mais son amante avait rapidement compris que l’acceptation de l’hégémonie militaire demeurait bien ancrée en lui. Zacharie manifestait une confiance trop appuyée à l’égard de l’empire, voyant dans sa toute-puissance une solution transitoire acceptable ; cette confiance un peu naïve avait eu son charme, les premiers temps, puis quand son héros avait ouvertement critiqué les mouvements révolutionnaires et indépendantistes s’opposant à la dualité empire / république — les qualifiant de “destructeurs”, “futiles”, “obscurantistes” — , ses mots l’avaient blessée plus profondément qu’elle ne l’avait laissé paraître. Elle avait d’abord pris sur elle, prenant le temps de lui expliquer les raisons de la stratégie d’attente des gothiques, leur volonté de ne pas sacrifier des vies en vain, leur détermination à reconstruire progressivement un système de valeurs basé sur l’humain ; elle s’était également efforcée de lui faire comprendre l’importance des protestations autonomistes : non cela ne “détricotait” pas l’empire, cela redonnait une identité à des peuples que la guerre avait privé de repères — l’empire avait apporté la sécurité, en retour il lui manquait une âme. Mais, rien, rien, rien, il n’avait rien […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !