Zacharie, Damon et Nicétas avait cherché pendant plus d’une heure dans la forêt de la péninsule avant de parvenir à retrouver Cassien planqué dans un fourré urticant. Heureusement, le goth était parvenu à dérider le métis à force de promesses qui n’engageaient que lui. Peu avenant depuis qu’il s’appliquait à suivre les préceptes de son culte, Nicétas avait su faire preuve de l’amabilité et de l’empathie dont il restait parfois capable. Le héros était étonné du double visage de son camarade : pile, l’adolescent goth tatoué aux cheveux noircis et à la posture rebelle identique à celle qu’Alexia persistait à afficher ; face, l’homme posé et concis qui savait faire preuve de recul, de capacités d’analyse et de persuasion. Zacharie, aussi, avait tenté de caresser le métis dans le sens du poil, s’excusant à plusieurs reprises, lui tendant ouvertement la main, mais le héros s’était heurté à un mur. Devait-il s’en vouloir ? Il avait été pris, par habitude, dans un élan de fraternité puéril ; personne, au fond, ne pensait à mal ; ils s’amusaient, décompressaient ; fallait-il en faire une montagne en comparaison de ce qui les attendait sur le terrain ; si le métis ne supportait pas un brin d’humiliation, il ne finirait pas en héros de guerre mais en victime anonyme. Correction : Hæmon pensait à mal, mais le reste du groupe avait toujours été solidaire — sans eux, Cassien n’aurait jamais campé au sec lors des lâchers en forêt. Il y avait toujours un prix à payer pour faire partie d’une communauté ; Cassien devait accepter cela, et en profiter pour se forger un caractère. Il fallait se confronter à la réalité pour devenir un homme. La mauvaise conscience de Zacharie ne s’était pas suffi de cette litanie de justificatifs, insuffisante face au regard impassible de Cassien tout au long du chemin ; la bonne conscience du héros lui avait rappelé en retour qu’il avait essayé un temps d’endurcir le métis en lui concoctant un entraînement personnalisé en dehors des heures de classe, mais il avait été vite découragé par l’essoufflement systématique et presque maladif de ce dernier au moindre effort ; il lui avait même proposé par la suite de l’accompagner pour aller s’entretenir avec un conseiller d’orientation, arguant qu’il serait plus utile dans la vie civile, mais le bougre s’était accroché au cursus militaire comme un crève-la-faim. Tant pis ; sa mauvaise et sa bonne consciences s’étaient équilibrées, s’accordant sur le fait que lui au moins avait fait l’effort d’aller rechercher le petit poucet au fin fond de la forêt. “Voici le héros à la longue chevelure, Zacharie, dont les aèdes futurs chanteront les prouesses. Remarquez comment en sa présence les constellations qui veillent sur nous ont redoublé d’intensité. [Hæmon, allant à leur rencontre] Mais quels sont ces sombres individus qui l’accompagnent ? Je reconnais Nicétas le noir, dont on dit que l’adresse et la sagacité ont été décuplées par ces tatouages mystiques obtenus en de lointaines contrées mystérieuses… contrées dont [il ignora Damon pour passer au dernier arrivant, recouvert de loques détrempées, […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !