Le vol du feu

Pendant un temps, Coyote vécut auprès de la tribu de Grue du désert. Il voulait voir comment son peuple se débrouillait. Rapidement, il se rendit compte que les hommes et les femmes de la tribu étaient tristes. Quand il demanda à Grue du désert pourquoi, le chef lui répondit : “Regarde autour de toi. Il fait froid et sombre dans notre vallée ; le ciel est couvert de nuages en permanence, de jour comme de nuit. Pourquoi nous as-tu installés dans cette vallée ? Veux-tu nous mettre à l’épreuve ou nous punir ?” Coyote décida qu’il devait venir en aide à son peuple, aussi il monta sur le dos de la fille de Grue du désert et elle l’emmena dans les airs pour parcourir le pays. Au bout de plusieurs semaines, les hommes de la vallée commencèrent à perdre espoir. “Il nous a quittés car il n’y avait plus rien à manger”, “Il est parti avec la plus belle femme de la tribu” disaient les plus jeunes à propos du fourbe. À l’inverse, les anciens attendaient en silence, car ils savaient que tout chemin ramène inévitablement à son point de départ. Et, en effet, Coyote revint. Il avait avec lui deux bonnes nouvelles à partager avec le peuple de Grue du désert. La première était que la fille de Grue du désert avait eu deux enfants — deux fils. La seconde était qu’une autre tribu, au-delà des dunes, possédait le feu. Coyote raconta comment il s’était infiltré au sein de cette tribu, comment il avait découvert que grâce à la chaleur du feu les femmes pouvaient cuire les aliments, et grâce à la lumière du feu les hommes pouvaient admirer le corps de leurs femmes à tout moment de la journée. Les hommes de Grue du désert poussèrent des vivats. Coyote les refréna, car il n’avait pas trouvé de solution pour leur ramener le feu. Le gardien de ce trésor était le redoutable Tortue, dont la vigilance et la méfiance étaient renommées. Grue du désert demanda alors à Coyote s’il était possible que la tribu au-delà des dunes accepte de partager le feu avec eux. Coyote répondit non. Il raconta qu’un jour il s’était déguisé en riche voyageur pour leur proposer d’en acheter un éclat, mais ils avaient refusé, craignant apparemment que cela ne le détruise. Les semaines qui suivirent furent les plus sombres de l’histoire de la tribu de Grue du désert. Les hommes se lamentaient, tournaient en rond, échafaudaient des plans sans queue ni tête pour subtiliser le feu. Quelques uns finirent par quitter le village, seuls ou en petits groupes, couvant l’espoir de, par la force, déposséder du feu la tribu au-delà des dunes. Mal préparés, sans meneur pour les guider, la plupart de ces héros périrent en chemin. Les rares qui parvinrent au-delà des dunes furent capturés et embrochés. […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !