La guerre n’était qu’un substitut de la chasse. Le quatuor de loups traquaient les proies dans le solstice brûlant, la toison blonde de l’alpha reflet de l’incendie solaire. Athanase, le loup mortel, courait, galvanisé par le mouvement commun ; il ne craignait ni la fatigue ni le risque de trébucher — ses pieds survolant les anfractuosités du sol ; loin de l’étouffer, la chaleur du solstice se morcelait sous les frondaisons en une myriade d’éclats de lumière divine ; par endroits, il lui semblait que les arbres vénérables de la forêt s’écartaient sur leur passage comme pour mieux contempler leur course. La vitesse de la meute ne fléchissait pas ; il leur fallait rattraper avant la nuit les agneaux qui s’étaient joués d’eux. Ses sens aiguisés depuis qu’il s’était abreuvé du sang de la vierge, Athanase sentait les effluves poisseuses et misérables imprégnant les sentiers que les proies avaient empruntés une heure auparavant : une odeur d’urine et de peur, de trouille et d’excréments. Les effluves de la meute étaient tout autre, à la fois terrienne — l’odeur de la terre des sous-bois fraîchement remuée — et mâle — une odeur de corps d’hommes entremêlés. Une vigueur inédite habitait le mortel, son regard embrassant tout à la fois la terre et sa poussière, les arbres et leurs racines, le ciel et ses cimes ; il ressentait à ses côtés les foulées puissances de la louve nordique, à l’unisson des siennes, il était traversé par instants par une violente envie de la renverser sur le tapis de feuilles, […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !