Alma 13

Amaury traverse en longues enjambées la cour intérieure du palais, la pose exagérée, surannée par costume, attitude de cinéma muet, Amaury survole le gravier crème puis dépasse le protocole — car il n’est plus question de ça — et s’enfonce sous la lourde porte voûtée du corps principal du palais, sous la pierre, frissonne sous le grand tableau sombre du vestibule — Le Supplice, les corps automates englués dans la lave de Marineris — sept sur trois, format étrange — Amaury s’enfonce dans le bâtiment sans attendre le pauvre type du protocole qui doit bien se demander ces derniers temps s’il est possible ou envisageable de démissionner de son poste.

Une peur qui ne dit pas son nom mijote dans les ventres, personne n’en parle, mais on a bien remarqué une certaine brise, non ? On a remarqué un ciel moins bleu et / qu’est-ce que c’est que ce truc, là, dans le ciel ?

Amaury ne frappe pas plus aux portes qu’il n’adresse la parole au secrétaire : tu t’es bien moquée de nous. Alma sursaute ; sa bouche esquisse une incrédulité muette ; Amaury la montre du doigt : tu es complètement folle, Alma, le sais-tu ? Amaury fait les cent pas, rageur : dans quelle folie as-tu pu dilapider notre patrimoine ? Il stoppe, la montre de nouveau : tu as bien maquillé ton forfait mais j’ai vu clair, Alma, je vois clair. Alma le fixe les yeux ronds, à mi-chemin entre la terreur et l’outrage, mains à plat sur le bois du desk. Amaury : tout ça… J’imagine que tu serais parvenue à tes fins si […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.