Alma 9

Amaury demande : à quel moment l’entreprise est-elle devenue plus puissante que l’État ? Il laisse un blanc sincère dans la conversation ; sincère et, à bien y réfléchir, sévère. Alma en est-elle seulement la cause ? Oui, répondrait Versailles en exil, oubliant au passage qu’une situation politique ne se construit pas en un jour, que le blâme est un chemin de concessions, de petites défaites, d’autocensure et se distille au fil des mandats, Méridien et tous les autres avant lui. Alors, à quel moment ?

Alma se sent incapable d’évaluer avec précision sa propre part de responsabilités — elle ne le montrera pas, pas ici, famille ou non, la famille moins que les autres : tant que nous conservons le poing — l’armée — et les ressources — les collecteurs d’eau, les métaux — nous n’aura rien à craindre. À son tour, Alma stoppe un instant avant de reprendre : à moins qu’une partie ne provoque l’autre ? Comme ? Alma : comme imposer ses quotas absurdes, comme pousser aux accidents puis feindre l’innocence ? Amaury tortille son corps d’athlète libre et non faussé sur sa chaise en ce qui sera pour nous une vision rare, puis : t’es en train de perdre l’Élysée. Lutecia vit au rythme du Bureau alors qu’il devrait le faire, disons, je ne sais pas, à un rythme plus éclairé, plus sain. Régit par des gens d’éducation plutôt qu’une série de machines, d’analyses pseudo scientifiques, de graphiques et de machins. Nous l’ incarnons, ce grand manuel de […]

Ce texte n'est disponible qu'au format imprimé. Outre que cela ne ferait certainement pas plaisir à l'éditeur, un texte édité est toujours plus intéressant que la matière brute sortie de la tête de son auteur. Plus propre. Purgée de toute coquille.