Nous voyageons facilement, relativement facilement, explique Aliénor un peu plus tard, le même jour ; Aliénor à un universitaire moscovite contraint aux horizons secs de la capitale russe. C’est un drôle de monde, la diplomatie, commente-t-il un peu rauque et il ponctue de fait en achevant le fond d’un expresso moins amer. Ça ne vous gêne pas qu’ils… L’universitaire cherche ses mots, pointe sa tempe en mimant un moulinet — C’est indolore, en tout cas, se justifie Aliénor. — Vous savez ce qu’ils en font, ensuite  ? — Je ne m’en suis jamais préoccupée. Ils le stockent ? Ils le revendent ?
Le bar de l’hôtel vit les dernières heures claires des nature-mortes, sa baie vitrée fixant sous cadre un lac blanchi par le soleil d’hiver (lac artificiel figé dans la glace, son contour régulier sans inspiration). À l’intérieur, il y fait sans surprise le froid des thermostats en sous-regime ; celui autorisant les tabourets bien rangés retournés en plein après-midi et l’ordre triste du hors-saison — soit l’odeur des plastiques propres, l’odeur des inox recurés de cuisines. Il doit soupirer au souvenir des longs courriers, cet universitaire, soupirer au rythme incessant des lignes commerciales qu’il aurait tant aimé connaître, envier toute cette strate mid-class ayant brièvement goûté à la simplicité du voyage par les airs. Le glamour verni une réalité plus dure constituée de périmètres nationaux mal définis, de compétitions politiques, de danger permanent, de méfiance. Cet homme ne possède que l’expérience superficielle de la littérature pour se faire une idée des contrôles drastiques, de la transparence requise à la […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !