Il y avait d’autres loups. Contournant la première meute qui avait pris position à l’est du manoir, Silas en avait découvert une seconde, de l’autre côté du lac asséché. Le comportement des loups demeurait anormal : ils ne pouvaient pas ignorer l’odeur du rôdeur, ni celle de l’autre meute ; pourtant, ils restaient là, aux aguets, dans l’expectative de quelque événement. Silas fouilla sa mémoire à la recherche d’anecdotes à même d’expliquer ce phénomène. Son oncle, qui l’avait initié aux secrets des loups, l’avait emmené plusieurs fois en forêt ; il y avait observé la vie en meute des loups gris. Il avait été déçu les premières fois, déçu par ce gris, loin des teintes de la collection de photographies de son oncle (l’une des rares personnes de l’empire à posséder, artefact mythique, un appareil photographique) : blanc neigeux, noir dense, rouge miroitant — tant d’espèces parcourant le monde, marchant comme des dieux à la surface de la terre : canis lupus campestris, canis lupus cubanensis, canis lupus tundrarum, canis lupus communis, canis lupus minor… et même canis lupus orion (le scorpion à la la longue queue de cheval noire ignorait qu’il partageait son nom avec celui d’un somptueux loup blanc). Puis, il s’était habitué à ce gris, à ses variations de tons, suivant les régions, suivant les saisons ; il avait appris le mode de vie de ces animaux, simple, […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !