Callisto comprenait. Lorsque Hateya s’était relevée, que les loups, ses nouveaux frères d’armes, s’étaient regroupées autour d’elle, elle n’avait fait aucun geste pour la retenir. La solitaire avait adressée un dernier regard — compréhension, espoir, remerciement et effroi — à celle dont le nom miwok signifiait traces de pas dans le sable. L’indienne et les loups avaient disparu. Plus tard, Alexia s’était levée à son tour, muette, et sans un regard en arrière elle s’était enfoncée dans la forêt — les bois bruissaient de la nouvelle : la déesse chasseresse serait revenue d’entre les morts. Plus tard, Callisto restait assise, comme si tout cela n’avait été qu’un rêve. Avait-elle vraiment vu Hateya se transformer en cette créature ou n’était-ce qu’une projection de ses peurs primales que le cours des événements avait déclenchée ? Pallas n’avait-il pas été finalement dévoré par l’un de ces gros loups affamés qui rôdaient dans les forêts de la péninsule ? Tout avait été si confus. Lasse de ces questions, elle les chassa — elle les chassa vraiment. L’avenir des loups, des indiens, des hommes blancs ne la concernait pas ; elle ne participerait pas à la nouvelle guerre qui se profilait ; la guerre à échelle réduite qui s’était jouée ici en moins de vingt-quatre heures l’avait lavée définitivement de toute pulsion guerrière, de toute envie de se battre pour un clan, quel qu’il fut. Elle passa la nuit à oublier, à oublier tout, oublier jusqu’au nom du père de l’enfant qu’elle portait. En ce qui la concernait, sa vie commençait aujourd’hui, une vie qu’elle devait se résoudre à ne […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !