“Oui. [Il fallut moins d’une minute à Zoé pour répondre à la proposition de Pallas] Oui. [Elle fit quelques pas en direction du loup et de sa meute] Oui. [Tout le monde semblait surpris, aussi bien les conspirateurs que leurs prisonniers ; ils attendaient sans doute un ralliement des rebelles, des marginaux, de Nicétas, Alexia, Nausicaä voire Orphée. Mais pas de l’invertie.] Oui, j’aime Écho. Je sais, c’est stupide, Ovide me l’a assez répété. Elle ne m’aimait pas en retour, enfin pas de la façon dont moi je l’aimais. Et c’est stupide d’aimer, de donner foi à une réaction hormonale, biologique. C’est stupide d’aimer dans un monde régi par la haine, la jalousie et la traîtrise — dans un monde où personne n’est digne d’être aimé. Même sachant cela, je l’aime encore. J’aime le regard froid, sévère, sans concession qu’elle a dû jeter au moins une dizaine de fois à chacun d’entre nous ; j’aime son nez, comment il se fronce quand elle retient sa colère ; j’aime ses lèvres, fines, sèches, qui ne pardonnent pas mais qui ne mentent pas ; oui, j’aime sa sévérité car je sais qu’elle dissimule une sensibilité fragile. J’aime tout le reste de son corps, évidemment ; j’aime ses seins et ses fesses, ses bras et ses jambes, ses quadriceps et ses biceps, sa colonne vertébrale et sa toison dorée. J’aimerais la couvrir de baisers, la prendre dans ma bouche, la lécher jusqu’au matin, jusqu’à la fin de cette putain de guerre et de vos embrouilles stupides. Je peux sentir son souffle fantôme sur mes lèvres, son corps astral se fondre contre le mien ; je sens quelque chose que jamais, Pallas, Oreste, Athanase, vous ne ressentirez : je sens des seins se presser contre les miens, je sens un pubis caresser le mien. Oui, Écho sera toujours avec moi. Je l’ai connue, je l’ai désirée, je l’ai aimée au moment où j’étais sans doute la plus sensible, la plus ouverte au monde […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !