Ô muse, les morts chantent ta douleur, ta tristesse et tes regrets ; la douleur de voir trépasser ceux que tu voyais en frères et en sœurs, ceux que tu érigeais en héros immortels, la douleur de mots amers se muant en d’atroces simulacres macabres ; la tristesse que t’enseignent ces morts, ce savoir absolu, celui qui emplit les cœurs et les vide de toute joie insouciante, la tristesse de toute jalousie, de tout orgueil, de toute vanité, la tristesse d’avoir perdu tant de mots à attendre et prétendre au lieu simplement d’entendre ; les regrets de l’immuabilité des mots, les regrets noyés dans le sang de mortels condamnés à une condition tout à la fois passée, présente et future, les regrets d’avoir une âme et de n’avoir su qu’en faire ; ô muse, les morts chantent les récits de ceux qui les ont rejoints : la chanson de l’adulte, égorgé comme un agneau sur le chemin de l’abattoir ; la chanson du mystique, rendu fou par sa quête acharnée de sens ; la chanson du rôdeur, conditionné à sacrifier sa vie au nom de causes oubliées ; la chanson du diplomate, assassiné par un monde traître ; la chanson de la sorcière, poignardée en plein cœur par son amant maudit ; la chanson du sage, renvoyé de la scène pour avoir regarder sous le masque des comédiens ; […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !