“Je t’écoute. Explique-moi ce bordel. Et ne t’avise pas de mentir, je te connais suffisamment pour savoir quand tu mens. [La muse s’adossa contre le linteau brisé de la fenêtre, s’affichant sans crainte de quelconques tireurs invisibles ; en réponse au petit discours de Pallas, elle avait exigé de pouvoir réfléchir, seule, puis prétextant se raviser, avait convié Hæmon à se joindre à elle ; elle savait qu’à elle, à elle seule, il ne mentirait pas] Je te préviens : Je sais que vous mijotez quelque chose avec Pallas, je sais qu’on est dans l’ancienne demeure de ses parents. Dis-moi la vérité.” // “[Le narrateur, assis sur le lit, spectateur, la fixait, incapable de se défaire du rayonnement de la jeune femme ; il aurait voulu, comme avant, effeuiller la rigueur sévère de ses cheveux dorés enluminés par le contre-jour, laisser glisser la pulpe de ses doigts sur le relief d’ombres de son visage ; il aurait voulu dire à son héroïne qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer et que tout ce qu’il avait fait, il n’avait cessé de le faire pour elle] Tu ne vas pas aimer. [Pause] Le plus simple est que je te raconte tout depuis le début… Ne me juge pas sans comprendre le contexte, d’accord ? [La muse ne broncha pas] Pallas et moi comptons déserter. La dictature militaire de l’empire n’a pas d’avenir, tu le sais aussi bien que moi. Elle s’essouffle, après avoir soufflé les derniers pouvoirs que détenaient nos familles. Elle court à sa ruine. Je ne me fais pas d’illusions non plus sur la république, tu le sais. La république n’est que la sœur jumelle de l’empire. La guerre empire versus république est vaine. Pallas et moi avons fait, depuis longtemps déjà, le choix de l’indépendance — j’imagine que tu n’as pas oublié les récits passionnés de Pallas à propos de la guerre d’indépendance de la péninsule. Nous avons donc décidé de rejoindre un mouvement indépendantiste de la future nation que sera la péninsule. Ne souris pas, s’il te plaît, mais ce mouvement se nomme les loups de la péninsule. C’est un rassemblement secret, comme il en existe des dizaines d’autres dans l’empire, qui sape le pouvoir impérial au travers de diverses exactions, telles que, je le déplore mais peut-on faire autrement, des assassinats. Soyons honnête : je me moque de la péninsule. Ce qui m’intéresse c’est la dislocation progressive de l’empire et de la république. Je veux que les peuples du vieux continent reprennent le pouvoir qu’on leur a volé, je veux reprendre le pouvoir usurpé par des généraux stupides et le rendre à nos familles. [Le narrateur reprit son souffle, le plus dur arrivait] Cela ne répond pas, je sais, à ta question. Qu’est-ce qu’on fout ici ? Il faut que tu comprennes que nous allons entrer en guerre contre l’empire et qu’à ce titre Zacharie, Valentine, et les autres bons soldats de l’académie sont nos ennemis. Nous sommes ici pour séparer le bon grain de l’ivraie, pour […]

Oh, mais, pourquoi couper ? Pourquoi si peu ? Pourquoi se contenter d'un avant-goût, hein, pourquoi ? Abonnez-vous et recevez à la carte les fragments de ce texte !